lundi 13 octobre 2014

Autant parler à un mur de béton Décathlon

C’était vendredi 10 octobre. Nous avions préparé des  soupes délicieuses  avec les courges récoltées sur le site de la Bissonnerie. Elles avaient été plantées par nos soins en juin dernier.  


Nous voulions offrir cette soupe à nos élus pour leur démontrer que ces terres qu’ils veulent bétonner sont encore fertiles. Mais rares sont les élus qui ont joué le jeu.

M. le Maire arrive, les bras chargés comme à son habitude. Il refuse son verre de soupe en passant à toute vitesse devant nous. Nous le suivons donc à l’intérieur du conseil municipal car nous avons quelques questions à lui poser. Pour être sûrs d'être entendus, nous avions opté pour le mégaphone.
Nous saluons l’assemblée, expliquons notre opération : deux d’entre nous distribuent des courges aux élus. Nous offrons des cadeaux parce que, nous aussi, nous sommes généreux.

Nous voulions faire part au conseil municipal du soutien que nous apportent des élus régionaux :

  • Pascale Rossler, vice présidente du conseil régional, déléguée à la biodiversité, à l’éducation, à l’environnement, à la Loire et au tourisme, 
  • Gilles Deguet, vice président du conseil régional, délégué à l’agenda 21, à l’énergie, au climat, à l’eau, à l’air, et aux déchets, 
  • Jean Delavergne, Président du groupe des élus  EELV,
  • Jean-Philippe Grand, Président de la commission aménagement du territoire du conseil régional,
     
histoire de montrer à M. le Maire que nous ne sommes pas une bande de « riverains passionnés ».

Nous enchaînons ensuite sur le prix tellement bas auquel la municipalité a vendu ses terrains à Décathlon que même la télé nationale s’est déplacée pour voir ça de plus près.

Mais depuis le début de notre intervention, M. le Maire n’écoute rien et ne cesse de nous donner l’ordre de sortir, ce que nous refusons de faire. 

On a beau lui dire que s’il nous laisse parler, il y en a pour cinq minutes, il ne veut rien savoir. 

Quand il entonne son refrain « la démocratie c’est des règles », nous lui demandons lui de les respecter : nous attendons toujours sa lettre d’explications pour motiver son refus de nous attribuer un stand au forum des associations.

Et puis on lui rappelle nos dernières tentatives pour lui parler : le 14 février, nous lui avions poliment demandé cinq minutes en début de conseil municipal pour exposer nos arguments avant le vote de la modification du PLU. Refus.

Pendant ce même conseil, un élu de l’opposition avait demandé une suspension de séance pour nous donner la parole. Refus.

Nous avions demandé un stand au forum des associations. Refus.

Interpellation polie sur les raisons de ce refus lors de ce forum. Réponse de l’adjoint à l’urbanisme, pleine de poésie: « Vous nous ch… dans les bottes. On va pas en plus vous servir la soupe ».

Interpellation du maire : « Vous n’aurez pas de réponse. Je ne vais pas perdre mon temps avec vous. »

Dans ce contexte-là, on fait comment, nous citoyens, pour être entendus ?
On a choisi ce soir de prendre un mégaphone et d’aller au conseil municipal. Et de dire ce qu’on a à dire avant que la séance ne commence.

On continue donc à exprimer nos arguments sur les 10 hectares de zones humides qu’il est impensable de compenser par une mare 60 fois plus petite.

Et sur les emplois, le compte n’y sera évidemment pas.

On conseille aux élus de bien lire le rapport de l’enquête avant le prochain conseil mais là ça se bouscule au fond, la sirène d’alarme a été déclenchée.

Nous regagnons la sortie à côté du maire qui nous dit qu’on aura à assumer nos responsabilités, ce que nous sommes tout à fait prêts à faire.  Que la police est là (on sort : regard inquiet du maire : non, la police n’est pas encore là…). La sirène retentit toujours à l’intérieur. Un journaliste essaie de remettre au maire des documents que le maire refusera de prendre.

Autant parler à un mur de béton signé Décathlon

 
Sur le parvis de la salle du conseil municipal, la fête commence : apéro, bar à soupe, on discute, certains dont c’est le premier contact avec M. le Maire sont stupéfaits de son comportement.

Le concert débute. C’est un nouveau groupe spécialement créé pour l’occasion, les « curly pumpkins », qui est programmé ce soir. C’est un concert d’un genre nouveau : coopératif. C’est-à-dire que tout le monde a les paroles et tous ceux qui veulent chantent. Et ça donne !
L’ultime chanson, écrite pour cette soirée, a beaucoup de succès : une reprise de « comme d’habitude ».

La deuxième animation « le jeu des mille courges » est également appréciée.  On décide d’attendre les élus pour tenter de les interpeler lors de leur sortie.
On refait  une installation très « land-art » avec les cagettes, les courges décoratives, les banderoles et slogans. Le parcours du malin blaireau est mis en valeur.  On se prépare pour la sortie.

C’est vers 22h que le conseil se termine enfin. Heureusement qu’on avait un réchaud sinon la soupe aurait été froide depuis longtemps ! Malheureusement, même après avoir parlé pendant quatre heures, nos élus n’avaient toujours pas cinq minutes à nous accorder, autour d’une soupe.

On a accompagné M. le Maire jusqu’à la porte de l’autre bâtiment, en essayant d’avoir des réponses : d’après les réponses de la mairie - page 42 du rapport de l’enquête publique - c’est 800 000 € d’investissement public qui vont être offerts pour le projet Décathlon ! Silence obstiné.

Le journaliste a essayé encore de lui donner ses documents. En vain.
On a alors entonné avec vigueur « vive nos champs », suivi de « comme d’habitude » sous les fenêtres de la mairie, sous l’œil complice de la Lune… Avant de s’apercevoir que M. le Maire était sorti… par derrière.

Bon. Nous, on a passé une très bonne soirée. La soupe à la grimace a été filmée. Est-ce que ça fera changer les choses ? On verra ! Peut-être qu’un jour nos élus apprécieront la soupe aux courges ?



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