dimanche 16 février 2014

Lettre à toi qui n'a pas pu venir lors du conseil municipal du 14/02/13

C'est encore un bon moment que tu as raté !
 
Faites l'amour, pas Oxylane !

On s'était donné rendez-vous à 17h30 devant le conseil municipal, et pour une fois il ne pleuvait pas. Une bonne quarantaine de personnes étaient là, avec notre magnifique banderole toute neuve et des panneaux de slogans en rapport avec la Saint-Valentin. On avait même fait un tapis de 2 mètres sur 2 avec « faites l'amour, pas Oxylane » disposé devant la porte d'entrée. Ça n'a pas du tout plu à notre adjoint à l'urbanisme. Il nous a demandé d'un ton autoritaire de l'enlever. On a refusé. Il est alors allé chercher un policier municipal, bien embêté, qui nous a dit que si on ne l'enlevait pas, en marchant dessus, les gens allaient l'abîmer. On a dit que c'était un tapis, donc que c'était fait exprès... Alors comme personne ne bougeait, l'élu l'a déplacé, lui-même.
Pour détendre l'atmosphère un peu crispé par ce monsieur, nous avons chanté « Oh ! Eh ! Hein ! Bon ! » revu et corrigé : « Où elle sera la ville verte, la ville jardin ville durable sous les bagnoles, le bitume C'est tant pis pour les légumes Oui, on sait, on gâche tout mais c'qu'on veut pas C'est qu'on se moque de nous Oh! Hé! Hein! Bon! »

La démocratie a des règles, c'est sérieux
 
Là-dessus,  le conseiller municipal EELV est arrivé. Nous lui avons demandé de faire une demande de suspension de séance pendant le conseil pour lire notre déclaration. Refus.
 
Il a alors eu droit lui aussi à sa petite chanson : « Ne bétonne pas.  On inventera des actions insensées que tu maudiras on te parlera de ces dossiers-là qui au conseil d'état ont été refusés. On te racontera l'histoire de ce sol sauvé d'IKEA par des manifs comme ça. Ne bétonne pas... »
 
D'autres élus arrivaient, on leur demandait à tous de bien vouloir réclamer cette suspension de séance. Refus unanime. M. le maire en personne arrive. On réitère notre demande. La réponse : « La démocratie a des règles. » Nous : « Oui, vous avez le pouvoir de nous donner la parole » Lui « mais on s'est déjà vu dix fois, on se verrait une onzième fois que ça ne changerait pas nos positions ni les vôtres ; Le conseil municipal c'est sérieux, vous n'avez pas le droit de le perturber. » Nous : «  Bon alors, on peut prendre la parole avant qu'il ne commence ? » «  Non, non, non, et non. La démocratie a des règles, c'est sérieux. »

Plus c'est gros, plus ça passe !

Nous entrons donc dans la salle du conseil. Le premier point à l'ordre du jour est justement le vote de la déclaration d'intérêt général et la mise en compatibilité du PLU.

L'adjoint à l'urbanisme résume le dossier d'enquête publique, le rapport et les conclusions du commissaire enquêteur. Il y a une petite centaine de personnes dans le public. Pour signifier leur opposition à ce projet, certains tiennent des pancartes, d'autres ont recouvert leur visage d'un masque chirurgical pour signifier le manque d'expression.

Quand l’adjoint affirme que ce projet lutte contre les gaz à effet de serre, le public rigole franchement. « Plus c'est gros, plus ça passe ». Premier recadrage du maire, assis avec nonchalance un bras sur le dossier de son siège : « La démocratie c'est des règles, donc soit vous écoutez en silence soit vous sortez. »
 
L'adjoint à l'urbanisme affirme qu' « à la Bissonnerie, il n'y a rien ». Réaction dans la salle « Mais si, il y a la nature ! »

L'adjoint continue, il trouve formidable que 79 personnes aient répondu à l'enquête publique. (Saint-Jean-de-Braye : 19 000 habitants.)
 
A propos des recommandations du commissaire enquêteur, il nous explique que la mairie a décidé de ne pas les suivre.

Un adjoint de l'opposition prend la parole : « A quoi servent les comités de quartiers ? Vous n'avez pas soumis ce projet au comité de ce quartier. Normalement, dans une démocratie, on discute et après on décide. Avec vous c'est le contraire : on décide et après on discute. Ça va pas, ça ! » Applaudissements dans la salle. M. Le maire le coupe : « Finissez votre question. Vous êtes un cheval ce soir, allez, monsieur M. M., le cheval ! »

L'adjoint continue : « C'est pas dramatique de suspendre un projet. Voilà ma question : pourquoi le comité de quartier n'a-t-il pas été consulté ? » Applaudissements.

Un autre adjoint de l'opposition prend la parole : « Pourquoi ce passage en force, pourquoi ne pas tenir compte des recommandations du commissaire enquêteur ? »

Plutôt qu'une enseigne bleue pour Décathlon, une enseigne en bois

Notre élu EELV prend alors la parole. Il répond sur l'utilisation des terres agricoles qui pour lui ne le sont pas.  Il est persuadé qu'il est possible de rendre ce projet compatible avec la défense de l'environnement. La preuve, des supermarchés fonctionnant à l'énergie solaire existent en Vendée. «  Et vendent des choses fabriquées au Bangladesh ! » dit un monsieur ulcéré dans la salle. M. Le maire le rappelle à l'ordre d'un ton péremptoire. M. Ronceray continue, il croit aux créations d'emplois (sifflets dans la salle) «  Je vais être obligé d'évacuer la salle! Je vous demande de vous taire !» Le monsieur répond « M. Ronceray c'est un ami ! » On entend « chapeau les verts, chapeau l'écologie à la sauce vert ». M. Ronceray continue, dit que plutôt qu'une enseigne bleue pour Décathlon il aurait préféré une enseigne en bois. Et que, comme il est persuadé que l'environnement reste la dernière route pour aller vers le mieux, il s'abstiendra lors du vote.
 
Une autre adjointe de l'opposition prend alors la parole pour soulever ce problème : « Vous dîtes que les gens vont s'aérer, mais au milieu de 3200 voitures l'air qu'ils vont respirer va être pollué ! Et sur le site, il y a une certaine faune, par où vont passer les chevreuils ? Et si Oxylane fait faillite, qui s'installera ? »

Le refus très sport de M. le Maire de donner la parole à SPLF45 et à d'autres opposants

Le maire demande si quelqu'un d'autre veut s'exprimer : nous nous manifestons pour demander une suspension de séance pour lire notre déclaration. « Non, la démocratie c'est des règles. ».
C’est ce qu’on appelle étouffer le débat public. M. le maire est très SPORT avec le Groupe Mulliez et son rejeton Décathlon, pas avec une association hostile à son projet.
 
L'adjoint à l'urbanisme répond alors aux questions : « le comité de quartier ? Si si si, il a été consulté, le monsieur du poney-club aussi, en premier. » 
«  C'est faux ! » entend-on dans le public. « Non, on ne s'assoit pas sur les recommandations, il y aura peut-être un hôtel parce qu'il y a déjà des besoins. » (…)
Autre chose ? Oui, l'adjoint à l'opposition souhaiterait une suspension de séance vu que le monsieur du poney club est dans le public, autant lui poser la question.

Le maire prend la parole : « Nous avons eu le plaisir de nous rencontrer le 11/02/12 et le 13/02/13. Je ne baigne pas dans un unanimisme, la ville travaille sur ce dossier depuis 2006, nous continuons. Le dossier avance. » Il trouve qu'il n'y a pas de raison de donner la parole au public ce soir.

Le vote le plus rapide de l'histoire de l'humanité, ça c'est du sport

Et là, on n'a rien vu venir : « Qui vote pour ce projet ? »: quasiment tous les conseillers ont levé la main. Il y a eu un silence. On en a profité pour tenter de lire notre déclaration : première demande, deuxième demande. Le maire continue : « Qui vote contre ? » On lève évidemment tous la main, mais seulement 2 élus le font avec nous. « Qui s'abstient ? » 3 mains se lèvent.

Le dérapage non contrôlé de M. le maire

Encore un silence : on lit notre troisième demande : « Soyez en cohérence avec les valeurs sociales et environnementales que vous êtes censé défendre ! » Et là, le maire lance une invective à destination de celle qui était chargée de cette lecture au nom du collectif en la nommant par son nom et en s'interrogeant sur ses qualités professionnelles. Tentative d'intimidation ?

La mairie n'a pas réussi à museler le public

Une bonne cinquantaine de personnes quittent alors la salle, certaines en prenant soin de déposer leur carte d'électeur à M. le Maire pour lui signifier qu'ils ne lui donneront pas leur voix aux prochaines élections.
La déclaration est lue sur le parvis de la mairie. Et la soirée s'est poursuivie agréablement autour d'un verre pour remercier les personnes venues manifester avec nous leur opposition à ce projet.

On a certes perdu une bataille : le vote n'a pas été reporté, seulement 3 conseillers se sont abstenus,  2 ont voté contre... Mais on a réussi à faire la démonstration du « verrouillage » orchestré par la mairie. Ils veulent un public qui a le droit d'assister mais surtout de se taire ! C'est raté !leBlogger