mardi 3 juin 2014

Les paris de la mairie de Saint-Jean-de-Braye et de l'AgglO

A une élue qui l'interroge sur les risques d'échec du projet Oxylane suite au fiasco de Lesquin, Christophe Lavialle, adjoint au maire, délégué aux finances, à l'emploi et au développement économique, répond : « Installer une entreprise est toujours un pari. Si on suit votre raisonnement, on ne fait plus d'activité économique » (lire la République du Centre du 17 mai 2014).

Le problème n'est pas tant dans le pari que dans les incertitudes qui l'entourent. La roulette russe avec une balle dans le barillet, c'est jouable, avec six balles, ça l'est un peu moins...

Première incertitude : l'
emploi

La mairie parie sur une création de 240 emplois sans prendre en considération la destruction d'emplois chez les concurrents. Pourtant la croissance extensive de la grande distribution s'est toujours faite au détriment des concurrents, jadis le petit commerce de centre ville, aujourd'hui les grandes enseignes.
 

De plus la guerre des prix que se livrent les grandes enseignes pour contrôler le marché fait de l'emploi la seule variable d'ajustement et les conduit à réduire leurs propres effectifs.

N'oublions pas les contraintes en tous genres que les grandes enseignes font peser sur leurs fournisseurs, ce qui les conduit à licencier ou à délocaliser.

Favoriser la grande distribution, c'est favoriser
à terme la destruction de l'emploi, et non l'inverse.

Deuxième incertitude : l’état de la conjoncture

La mairie parie sur la toute puissance de l'entreprise à créer de l'activité économique.
Or la réussite de l'implantation d'un centre commercial dépend pour beaucoup de l'état de la conjoncture et du pouvoir d'achat des ménages. Les grandes surfaces sont déjà en surnombre et
la politique d’austérité défendue par le gouvernement n’incite pas à l’optimisme côté pouvoir d'achat.

Seul le marché de l'alimentaire résiste en cette situation de crise.
Selon Le Figaro « la crise et la baisse du pouvoir d'achat ont fait chuter les dépenses dans les magasins d'habillement, d'électronique grand public, de bricolage et dans les jardineries, mais pas dans les grandes surfaces alimentaires » (L'hyperguerre des prix détruit des emplois… même dans les hypers - Le Figaro, juin 2014).
 
Ce ne sont pas les entreprises installées à grand renfort de niches fiscales et de subventions déguisées (vente de terres à vil prix) qui créent l’activité économique et l’emploi mais la conjoncture et le pouvoir d’achat.

Les entreprises n’ont aucun moyen de créer par elles-mêmes les emplois qu’elles offrent : ces emplois ne résultent que de l’observation du mouvement de leurs commandes dont, évidemment, elles ne sauraient décider elles-mêmes, puisqu’elles leur viennent du dehors — du dehors, c’est-à-dire du bon-vouloir dépensier de leurs clients, ménages ou autres entreprises.
(Les entreprises ne créent pas l'emploi - Frédéric Lordon)

Les entreprises ont besoin de consommateurs, qui eux-mêmes ont besoin de revenus.
(
Le partenariat transatlantique serait une catastrophe d’ampleur continentale - Gaël Giraud)
Cela fait des décennies que les décideurs politiques de tous bords parient sur le retour de la croissance en la tuant dans l’œuf. Et que la grande distribution continue de proliférer, en déconnexion complète avec l'économie réelle (bulle économique).

Résultats des courses (faites chez Auchan, Decathlon, Carrefour of course)

Troisième incertitude : la « nouvelle révolution commerciale »

La mairie parie sur l'entreprise DECATHLON réputée innovante et ses capacités à prendre en compte les problèmes environnementaux. N'a-t-elle pas entamé sa mutation en s'engageant avec ses objets connectés dans la fameuse économie du service, de l'information et de l'immatériel censée résoudre tous les problèmes environnementaux ?
Petit rappel sur l'immatérialité en question :

Les émissions de CO2 liées à la production et au transport d’un ordinateur de bureau (poste fixe) à écran plat fabriqué aux États-Unis ou en Asie seraient de 1,3 tonnes de CO2, dont la moitié pour son transport en avion.
(La crise écologique exige une révolution de l’économie des services - Jean Gadrey)
Avec ce projet, nous continuons de foncer dans le mur écologique.

Quatrième incertitude : l’écomobilité de la clientèle

La mairie parie sur le tout automobile (1 million de visiteurs par an) pour assurer le succès du projet « village Oxylane » alors que la crise écologique va entrainer le renchérissement du carburant et la diminution des déplacements (en raison du pic pétrolier mais aussi des décisions des pouvoirs publics dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique). L’heure n’est plus à une consommation tirée par les énergies fossiles.

Cinquième incertitude : l'avenir des réseaux de distribution physique

La mairie parie sur la vitalité de la distribution physique alors que le e-commerce est en pleine expansion. S'il y a de l'expansion à prévoir, c'est plutôt de ce côté là.

DECATHLON a entamé sa mutation vers le « multicanal » et figure parmi le top 15 des sites de e-commerce en France (voir dans « Pour en savoir plus » en fin d'article).

Sixième incertitude :
le comportement des consommateurs

La mairie parie sur le formatage des consommateurs. Or l’attitude des consommateurs à l’égard de la consommation évolue : ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les circuits courts, la relation directe avec les producteurs, les systèmes alternatifs comme celui des AMAP, les coopératives etc..etc....

Faites semblant de croître et bientôt vous croîtrez

Dans ce contexte et alors que le gouvernement se dit engagé dans une démarche de transition écologique (!), les paris de la mairie relèvent de la méthode Coué ou de la foi du charbonnier et ferment la porte à tous les projets alternatifs.

Rien de nouveau sous le soleil de Saint-Jean-de-Braye. C’est le même crédo croissantiste, le même double langage et le même passage en force qu' à Notre-Dame-des-Landes, à la ferme des mille vaches *, ou que dans le Morvan (projet de la méga-scierie Erscia). 

* il faudrait parler de la « ferme des mille vacheries faites à l'environnement »

Pour en savoir plus : 

Oxylane : la population va encore pouvoir s’exprimer La République du Centre

Pratiques abusives (avec les fournisseurs) Que Choisir


Les entreprises ne créent pas l’emploi, par Frédéric Lordon

Le partenariat transatlantique serait une catastrophe d’ampleur continentale, par Gaël Giraud
La stagnation, voire la baisse des salaires réels des ménages occidentaux provoquent des déséquilibres macroéconomiques au niveau mondial.


Centres commerciaux : la folie des grandeurs  CR de lecture d'un article d'Alternatives Economiques 

La crise écologique exige une révolution de l’économie des services, par Jean Gadrey

E-commerce : ces grandes enseignes (Decathlon, Darty, Casto...) qui ont tout compris d'internet   Challenges

Villeneuve-d’Ascq: Oxylane recrute pour suivre l’essor de ses ventes en ligne  La Voix du Nord

La mutation du commerce vers le multicanal est engagée   Commerce et Consommation LSA

Erscia détruira plus d'emplois qu'il n'en créera dans la filière bois   lejdc.fr

Mille vaches : le récit de la journée « démontage » où l’affaire a basculé  reporterre.net



Venez manifester avec nous le 15 juin à la Bissonerie, à partir de 11 H !

MANIF
DE MISE EN CULTURE
CONTRE LE PROJET OXYLANE-DECATHLON
& POUR LES TERRES AGRICOLES
SAINT-JEAN DE BRAYE
RDV Plants, graines et fourches en main
à la Bissonnerie, avec votre pique-nique !
Rendons fertile ce qu'ils veulent rendre stérile !
leBlogger

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