Bon.
Après tout, notre présence pouvait être un
gage de démocratie sur la commune : peut-être nous laisserait-on un
temps de parole égal à celui du monsieur d'Oxylane ? Les participants
auraient alors nos arguments, ceux d'Oxylane, et la mairie son rôle
d'arbitre.
Mais deux ou trois petits signes nous
indiquaient déjà qu'il n'en serait rien. Alors nous avions préparé un
power point, mais à l'ancienne : des affiches A2 reprenant nos arguments
que nous avions l'intention d'afficher au fur et à mesure des arguments
d'Oxylane.
Mardi 19 mars, 20h30, salle Jean Baptiste Clément à Saint Jean de Braye.
La salle est déjà bien remplie (près de 150
personnes dans une salle prévue pour 90!). L'adjoint à l'urbanisme
règle les derniers détails de son intervention avec les deux
représentants d'Oxylane. Nous allons le saluer et lui demander de
prendre la parole pour simplement nous présenter. C'est un non poli,
mais ferme : « Vous pourrez vous exprimer, mais à la fin, comme tous les
abraysiens. »
L'exposé de la mairie commence, puis ce sera le tour d'Oxylane. La fin de l'atelier est prévue pour 22h30.
L'élu à l'urbanisme, après un bref
historique, expose la procédure de modification du PLU, le mode utilisé
sera « la déclaration de projet ».
Il présente également un échéancier :
19 mars 2013 : premier ATU
25 juin 2013 : second ATU
octobre 2013 : troisième ATU avec présentation du dossier d'enquête publique puis enquête publique durant 1 mois.
Novembre 2013 : Le rapport de l'enquêteur est remis au préfet.
Décembre 2013 délibération au conseil municipal
Les possibilités de recours sont présentés succinctement (PLU, CDAC).
Un élu précise les relations entre SCOT, PLU et DAC.
Dans la salle, des contradicteurs
réagissent par rapport à la procédure de révision du PLU employée, au
prix scandaleusement bas (2,40€ le m²) auquel la mairie et l'AgglO
cèdent 12 des 15 hectares du projet.
Oxylane ne souhaite pas dire à combien ils vont payer les terres privées mais sûrement pas 2 euros 40 !
Quelqu'un demande si la modification du PLU
concernera toute la zone 2AU. La mairie répond qu'elle doit rencontrer
les services de l'Etat (DDT), pour préciser la zone qui sera modifiée.
En tout cas, si le PLU est modifié, et
qu'Oxylane ne s'implante finalement pas, toute entreprise qui respectera
le cahier des charges de cette nouvelle zone, pourra s'implanter...,
explique un élu.
Et puis ça attaque fort sur les emplois, et
effectivement, le monsieur d'Oxylane ne peut pas être très précis, il
annonce 240 emplois avec 100 en phase 1 mais pas de traces écrites à
l'évidence juste « un contrat moral »... Il affirme que le magasin
Décathlon d'Olivet sera maintenu. Il refuse de préciser la proportion
d'équivalents temps pleins dans les emplois annoncés.
Nous, on affiche comme prévu notre power point sur le mur derrière nous :
« 80 % du site appartient à la collectivité »
« Offre spéciale famille Mulliez :
5€ le m²
2 ,40 € le m² TTC !!! »
« 240 emplois ?
Zéro preuve ! »
Une affiche est levée aussi dans l'assistance : « Du profit pour eux, des nuisances pour nous ».
Mais l'adjoint à l'urbanisme voit alors nos
panneaux affichés et décide que non, « ça, c'est pas possible ! » et
nous demande de les enlever immédiatement. Nous obtempérons et nous en
reparlerons avec lui à la fin de la réunion.
Le monsieur d'Oxylane présente enfin son
power point qu'il avait eu du mal à charger, son ordinateur étant passé
en veille au début de la réunion !. Ce dernier indique que le réseau
Oxylane fait en fait 3 métiers :
-
aménageur : imaginer, dessiner, construire
-
promoteur gestionnaire
-
animateur : sporteezy, sportest, place du village
Oui, promoteur c'est-à-dire qu'ils « commercialisent à des partenaires pour renforcer le lieu de vie sportif ».
Animateur parce qu'ils proposent des événements quotidiennement.
« Un village Oxylane, c'est de la vie partout » explique-t-il.
Et là, nous apprenons avec effroi que
l'UNSS (Union national des sports SCOLAIRES) a déjà organisé son cross
académique sur le site d'un des Oxylane de France...
Pourquoi se gêner ! Fidéliser le client dés le plus jeune âge, y'a que ça de vrai !
Le monsieur d'Oxylane annonce 30 000 participants par an, 1 000 000 de visiteurs par an et par village, et 100 heures de test de sport par an et par village.
Il nous explique :
Que le trafic sera de 250 véhicules en moyenne par jour, puis modifie et annonce 250 véhicules instantanés...
Qu'il est responsable de l'eau sur son site et autour.
Qu'il y aura une étude d'impact avec l'enquête publique qui portera sur la circulation et le traitement de l'eau.
Que le seul accès au site se fera par la tangentielle. Et la maison située au niveau de cet accès ? Pas de réponse.
Que ce sont les élus qui ont toute latitude à décider ce qu'ils veulent mettre sur le sol de la commune (!).
Une diapositive précise alors la superficie du projet 16 hectares et demi, et le détail de la phase 1 :
Commerces : 13480 mètres carré SP
Services/sports/tertiaire : 3670 mètres carré
HQE
Espaces verts : 8 hectares
La phase 2 annoncée n'est pas planifiée dans le temps.
Le coût du projet est de 18 millions d'euros (hors investissements d'aménagements des partenaires).
L'ouverture est programmée au second trimestre 2015.
A la demande de l'assemblée, la notion de partenaires a été développée . Qui sont-ils ?
De la restauration, du futsal, un spa, un mur d'escalade, une salle de gym, une crèche privée, un siège d'asso ou même de comité olympique.
Un plan est présenté à la salle, tellement
délavé qu'il est peu lisible...Mais où sont passés les belles couleurs
des images publicitaires présentées quelques minutes auparavant ?
Après cet exposé, c'est enfin le tour des questions. Il est... 22h25 ! Heureusement que les Abraysiens ont demandés des éclaircissements au fur et à mesure !
L'animateur nous laisse enfin la parole
mais une petite dame âgée lève aussi la main : « Qu'en est-il de la
maison située sur le tracé de l'accès à Oxylane ? » Toujours pas de
réponse claire, des tractations sont en cours.
Une autre habitante déplore que la mairie
n'ait pas demandé aux habitants de Saint- Jean-de-braye depuis 30 ans le
moindre avis concernant la rue de la Bissonnerie. Elle demande
l'ouverture de cette rue. Cela permettrait en effet à Oxylane de ne pas
détruire la maison qui bloque l'accès...mais les autres riverains ne
sont pas forcément d'accord.
Nous intervenons enfin pour présenter notre
collectif en disant que nous aurions bien aimé avoir un temps de parole
égal à celui du monsieur d'Oxylane et là l'adjoint nous coupe une
première fois : « Oh mais,
pour vous exprimer vous organisez vous même vos réunions et on vous
laisse faire ! ». Nous tenons à rappeler que 80% des terres concernées
par ce projet appartiennent à la collectivité mais nous sommes coupé une
deuxième fois : « Ah oui, mais on a mis une condition pour la vente ! »
Effectivement, il y a une et une seule condition : sous réserve que ce
projet se fasse. (pas de date butoir par exemple!)
Il n'empêche que nous regrettons que la
mairie aie pris seule la décision de l'implantation d'Oxylane, et
qu'elle ne consulte les habitants que pour les détails du projet !
Démocratie participative ?
Nous enchaînons sur les raisons qui nous
ont poussées à monter ce collectif : ce projet est pour nous nocif,
inutile.Un monsieur dans la salle, nous demande pourquoi on le trouve
inutile. Nous lui répondons qu'il existe déjà un Décathlon sur l'Agglo,
qu'en matière d'associations sportives il y a ce qu'il faut sur St jean
de Braye.
Nous enchaînons avec la question des nuisances, pollutions sonores, pollution de l'air (lire nos arguments) avec le trafic peu présente dans ce débat, et sur les questions que
nous nous posons sur les emplois promis: combien de transferts, de précaires, de suppressions chez les concurrents ?
Une autre personne intervient: « Et si
c'était la nouvelle clinique qui s'était implantée, est-ce qu'on aurait
eu la même réaction ? » D'abord, soigner les personnes et vendre des
chaussures de sport ce n'est pas tout à fait le même service rendu à la
collectivité ! Mais l'argument de préserver les terres agricoles
périurbaines est toujours aussi déterminant pour nous. On voit bien,
avec les récents scandales alimentaires que les circuits courts sont une
réponse de bons sens pour l'alimentation de la population.
Nous avançons un autre argument, celui de la desserte quasi inexistante du site par les transports en commun.
Et pour clore notre intervention, nous
invitons l'assemblée à nous rejoindre à notre prochaine réunion publique
le vendredi 3 mai à la salle René Cassin à 20h30. Nous offrons à
l'adjoint un grand panneau symbolisant les 500 premières signatures de
notre pétition.
Il est 23h10, l'atelier est terminé. Nous distribuons nos tracts à la sortie.
Nous retournons vers l'adjoint pour
déplorer son attitude à propos de nos affiches ; nous lui citons la
défnition de Paul Ricoeur :
« Est démocratique une société qui se
reconnaît comme divisée, c'est à dire traversée par des contradictions
d'intérêts, et qui se fixe comme modalités d'associer chaque citoyen
dans l'expression, l'analyse et l'arbitrage de ces contradictions. »
Mais pour lui l'atelier de travail urbain
ne sera JAMAIS le lieu de débat entre pour ou contre Oxylane, c'est
juste un lieu pour décider des contraintes qu'on impose à
Décathlon...Donc non, nous n'aurons JAMAIS un temps de parole égal à
celui de Décathlon...
Et pourtant on nous avait bien dit que ce projet « se faisait de privé à privé, que la mairie n'avait rien à voir là-dedans... »
Après une telle réunion, cet argument va être difficilement tenable à l'avenir !
Il est clair que la mairie est engagée à
fond pour défendre ce projet, cependant notre détermination et notre
conviction viendront à bout de celui-ci....comme d'autres avant nous ! (lire nos arguments)