mardi 26 novembre 2013

Oxylane : un « modèle économique » qui a du plomb dans l'aile

Le journal « Les Échos » dans son édition en ligne du 14 novembre 2013 publie un article intitu« Oxylane veut densifier ses villages Décathlon ».
Cet article est riche d'enseignements sur le modèle économique si novateur
des
« Villages Oxylane ».

Le
« nouveau concept »  de centre commercial alliant sport et business doit peu à la recherche de la  « santé et du bien-être » et au souci de l'intérêt général mais beaucoup aux intérêts particuliers des actionnaires qui font la politique de l'enseigne.
Ses actionnaires, conscients de la valeur potentielle des terrains en grande partie inoccupés qu'ils possèdent autour des magasins Décathlon, ont décidé d'en faire quelque chose. Ces parcelles pourraient accueillir plus de commerces et d'activités.
On apprend ainsi qu'il y a du mou dans le « nouveau concept » :
« Nous prospectons dans le domaine du sport et des loisirs. Or les enseignes installées, et celles qui se développent en ce moment, se comptent sur les doigts d'une main », poursuit le directeur des villages Oxylane. Pour cette raison, entre autres, le groupe se montre moins sélectif et n'est plus opposé à la venue de jardineries, de surfaces de bricolage et de culture. Et se fait aider, depuis peu, par des agents immobiliers locaux, et par Cushman & Wakefield.
Le modèle économique quand à lui est parfaitement présenté : 
Le modèle économique des villages Oxylane n'est pas simple. Il suppose l'achat de terrains peu chers, ce que le groupe réussit plutôt bien à faire.
Les prix d'amis que les collectivités territoriales concèdent à Oxylane lui permettent de financer à moindre frais les « activités de loisirs », la cerise « gratuite » sur le gâteau payant censée attirer la clientèle.

Mais le modèle économique a du plomb dans l'aile. D'abord parce que
« le niveau de charges d'entretien des espaces verts, les frais de sécurité, ainsi que la participation au fonds marketing d'animation seraient trop élevés » selon certains professionnels.
Ensuite parce que « la foncière porte une partie des charges liées aux terrains non construits » ce qui explique qu'elle revende une partie de ses actifs plutôt que de les louer à de nouveaux arrivants.

Mais peu importe pour l'Agglo et la mairie de Saint-Jean-de-Braye, le projet est bon pour le tissu économique et le tourisme. Il va toucher une grande zone de chalandise, ça va faire un carton.

Ce n'est pas tout à fait ce qu'écrivait la
« Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes » (DGCCRF) en décembre 2012 dans une étude intitulée « Grande distribution et croissance économique en France »
L’ouverture de nouveaux magasins permet de capter une nouvelle clientèle, ce qui crée de la demande donc des revenus supplémentaires de l’enseigne entrante, mais il n’est pas sûr que l’effet global soit de même nature, plusieurs autres enseignes étant susceptibles de perdre des clients voire de cesser leur activité, ce qui à termes peut aussi avoir un effet négatif sur la concurrence et le niveau des prix. En effet, l’ouverture de nouveaux magasins dans une zone de chalandise entraine égale ment une hausse de la concurrence dans cette zone, ce qui peut avoir pour effet de diminuer les ventes de certains magasins moins compétitifs
L'article de la DGCCRG met en évidence la corrélation entre la croissance et le développement de la grande distribution...Mais faut-il encore qu'il y ait de la croissance.

Petit rappel : selon les élus intercommunaux (AdCF) et les enseignes du commerce spécialisé (Procos) :
Plus de 4,1 millions de m² de surfaces commerciales supplémentaires ont été autorisés en 2010 alors qu’aucune augmentation de pouvoir d’achat de cette ampleur ne le justifie.
Depuis 40 ans les politiques nous répètent que la crise est finie et que la croissance qui vient va sauver l'emploi. 
Voir la vidéo « Croissance, 40 ans de mensonge » par le collectif Roosevelt 2012.

L'alliance de la grande distribution, des investisseurs et des collectivités locales expliquent la prolifération des grands projets inutiles sur tout le territoire . Il est temps de changer de modèle économique.

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