dimanche 9 juin 2019

Un SCoT bétonneur, un PCAET complétement flou

Martin Nadaud - Quand le bâtiment va, tout va.




















SCoT, SPLF45 contre-attaque

Des membres de SPLF45 ont rendu compte sur ce blog de leur réaction au conseil de la  Métropole du 28 janvier.

Lire Les enfants du paradis

 
La République du Centre s'en est fait l'écho dans sa rubrique «Indiscrétions» le 2 juin 2019


Le PCAET, un plan flou et peu ambitieux
 
Le groupe local «Alternatives Territoriales Orléans» (ALTERNATIBA) a interpelé Olivier Carré le mardi 4 juin, lors de la première réunion de concertation avec les habitants sur le Plan Climat Air Énergie (PCAET), pour dénoncer le manque d'ambitions  du PCAET en termes d'objectifs et de moyens financiers pour la rénovation thermique et climatique des logements. 

La République du Centre a évoqué dans ses colonnes du 8 juin les échanges du groupe avec Olivier Carré.


Pour ce qui concerne la suppression de la précarité énergétique, l'objectif figure en une phrase laconique dans le Schéma directeur du PCAET : «Améliorer le taux de précarité».

Le taux de précarité était de 11,9% en 2014 selon une étude de l'Insee.
On ne sait pas en quoi consiste l'amélioration de ce taux d'ici 2025 : 0%, 3%, 7%, 9% ?

 
On admirera la précision de l'objectif. Le PCAET qui n'est pas avare de chiffres s'entoure sur ce point d'un grand flou artistique.

Quand à l'investissement pour la période 2019-2025 et pour l'ensemble des 32 actions prévus, il ne dépasse pas 10 euros par habitant de la Métropole. Les Métropoles les plus ambitieuses consacrent jusqu'à 200 euros par habitant.

Lire à ce sujet l'article «Réhabilités, les plans climat affichent de nouvelles ambitions» (lien dans «Pour en savoir plus»)

L'objectif d'éradication des passoires thermiques passe mal à la Métropole


Concernant la suppression des passoires thermiques et de la précarité énergétique, les représentants de la Métropole se défendent de toute inaction avec deux arguments : 
  • il est très difficile de rénover les bâtiments parce que beaucoup de propriétaires ne veulent pas faire des travaux.
     
  •  la Métropole n'a pas attendu le PCAET pour engager la rénovation des bâtiments qui s'élève à plusieurs milliers de logements depuis 2008.

Argument 1 : tout serait la faute des propriétaires récalcitrants.
 

Le  SCoT qui vient d'être voté prévoit la construction de 20 à 24 000 logements supplémentaires pour un besoin avéré de 8000 logements, dans une métropole qui comptait 11 000 logements vacants en 2015.

Comme le rappelait en 2018 un article du journal Les Échos intitulé «Logements vacants : quelles sont les villes les plus touchées ?» (lien dans «Pour en savoir plus»)
Effet délétère du neuf
(...) La construction neuve a aussi un effet délétère sur le parc privé ancien. Sur certains marchés immobiliers, le moindre immeuble neuf vide les anciens. « La meilleure qualité des logements neufs, qui offrent des prestations supérieures à ceux des centres anciens », rappellent les auteurs de l'étude, attirent les ménages. Dans nombre de villes moyennes, relèvent-ils, « on a constaté, avant que les aides fiscales ne soient recentrées en excluant les zones C et B2, que la concurrence d'une offre nouvelle de logements neufs avait eu des effets dévastateurs sur le marché locatif de l'ancien, notamment pour les appartements centraux. »
Tant que la rénovation écologique de l'ancien ne sera pas concurrentielle avec le neuf, les ménages iront vers le neuf. Et les propriétaires ne seront pas incités à engager des travaux de rénovation. La politique métropolitaine en faveur du neuf défavorise l'ancien et provoque de la vacance résidentielle.

Si l'on ajoute à cet inconvénient l’artificialisation des sols, n'est-il pas temps de remettre en question le dogme sur lequel nous vivons et construisons :  «Quand le bâtiment va, tout va » 

Argument 2 : la Métropole est en avance sur le PCAET.

Selon le plan d'actions du PCAET, aujourd'hui, le rythme de rénovation énergétique s'élève à environ 700 logements/an pour 250 logements aidés/an.

A ce rythme, depuis 2008, environ 7700 logements auraient donc été rénovés sur le territoire de la Métropole.


Ce n'est pas nul mais cela répond-il aux enjeux ? 

  • aucun bilan n'est fourni sur la nature des logements rénovés (passoires thermiques ou copropriétés en assez bon état ? ), les travaux réalisés, les intervenants, le coût global de la rénovation, le montant ventilé des subventions par organisme subventionneur...

    Pourquoi la Métropole ne communique-t-elle pas plus sur la baisse de consommation d'énergie et la réduction d' émission de CO2 obtenues par ces rénovations - non subventionnées et subventionnées -  depuis 2008 ?
  • le rapport de présentation du SCoT (page 90) nous apprend la chose suivante:
    Une étude de l’INSEE Centre réalisée fin 2014 montre que 21 600 ménages de la métropole orléanaise pourraient bénéficier d’une aide de l’Anah pour améliorer le confort énergétique de leur logement. Parmi eux, 14 219 seraient en situation de vulnérabilité énergétique, soit 11,9 % des ménages de la métropole.
    Le taux de précarité pour les gros pôles urbains était pour la même période en moyenne de 10,70% selon une étude nationale de l'Insee (IP n° 1530 sur la vulnérabilité énergétique, lien dans «Pour en savoir plus»)
     
    Loin d'avoir pris de l'avance sur le PCAET, la Métropole présentait en 2014 un solde de 21 600 passoires thermiques et un taux de précarité supérieur d'un point à la moyenne nationale. Il y a donc de bonnes raisons d' être inquiets pour la suite...
La rénovation énergétique et climatique des bâtiments, une priorité absente du PCAET

Le SCoT fixe de façon claire les priorités (Rapport de présentation, page 250):

La production des énergies renouvelables sur le territoire reste aujourd’hui encore très faible, et loin des objectifs fixés par la loi de transition énergétique. Le SCoT, en lien étroit avec le PCAET, vise à tendre vers plus d’autonomie énergétique, avec l’objectif à l’horizon 2050 d’un territoire à énergie positive et 100 % à énergies renouvelables. Les conditions pour atteindre cet objectif s’orientent d’abord sur la priorité à la rénovation énergétique des bâtiments, la recherche de sobriété et d’efficacité énergétique, et ensuite le développement des énergies renouvelables.

Le PCAET qui devrait tenir compte du SCoT fait pourtant tout l'inverse : son effort financier porte en priorité sur les énergies renouvelables.

Selon tous les experts, la pire des transitions consiste à passer aux énergies renouvelables avant d'avoir rénové les logements.

Elle consisterait en effet à chauffer les passoires thermiques avec des énergies renouvelables.


Pour en savoir plus :

Article Techni.Cités (La Gazette des communes) : 

Réhabilités, les plans climat affichent de nouvelles ambitions


Article Les Echos : 

Logements vacants : quelles sont les villes les plus touchées ?

Article Insee :

Insee Première n° 1530 (08/01/2015) : Vulnérabilité énergétique

Le point de vue du CLER - Réseau pour la transition énergétique :

Article Reporterre.net : 

Rénovation énergétique des bâtiments : l’inquiétant retard français


Article Techni.Cités (La Gazette des communes) : 

Le CLER célèbre le «triste anniversaire» du plan national de rénovation énergétique





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